La pré-production en vidéo : le guide pour bien préparer son tournage et son film

Il ne suffit pas d’avoir une vague idée de ce qu’on veut filmer pour partir en tournage ! Chaque prestation vidéo doit être minutieusement préparée avec le client pour comprendre ses objectifs et la manière de les atteindre. Voici un petit guide dans cet article.

© Kobu Agency / Unsplash

Sommaire :

La pré-production, ce sont toutes les étapes précédant le tournage lui-même. C’est le moment où le réalisateur va définir le style du film et son storytelling. On utilise aussi ce moment pour anticiper le maximum de choses, se simplifier la vie le jour J et avoir les idées claires au moment de commencer le montage vidéo.

Le premier contact avec le client

Tout commence souvent par la question « Je voudrais une vidéo, c’est combien ? ». Lorsqu’un client me la pose, je suis bien en peine de répondre. En plus d’avoir la sensation d’être une marchandise entrant dans un comparateur de prix, il n’est pas aisé de fournir un devis sans comprendre d’abord l’objectif du client et la manière dont il veut y parvenir. Si l’entreprise, l’agence de production ou la collectivité ne fournit pas de cahier des charges, il est alors indispensable de débuter la pré-production par 20 à 30 mn d’entretien.

Je questionne le client sur les points suivants : 

  • Quel est le but recherché avec la vidéo ?

  • Quels sont vos enjeux ? (opportunités, forces et faiblesses, etc.)

  • Qui est la cible ?

  • Quels formats visez-vous ? Est-ce une vidéo mettant en valeur un produit ou un service en particulier, retraçant un événement, destinée spécifiquement aux réseaux sociaux ?

  • Avez-vous des sources d’inspiration ?

  • Quels temps et moyens allouez-vous au tournage et au montage ?

Projet de réalisation, moodboard, repérages, storyboard… à chaque projet vidéo sa formule

Une fois le devis accepté, le vrai travail de pré-production commence. Je crée un dossier partagé avec le client (type Google Drive) et travaille sur les éléments suivants :

  • Note d’intention : elle répond à la question “pourquoi cette vidéo ?”. On y décrit l’objet de la vidéo et quelques mots de son déroulé, la façon dont nous travaillerons. C’est un peu le résumé du projet, le repère pour notre client et nous.

  • Note de réalisation : cette fois, c’est à l’interrogation “comment réaliser cette vidéo ?” que nous répondons. La forme varie, mais l’idée est de donner un aperçu de la manière dont les plans seront filmés, quels seront les éléments mis en avant, quelles impressions et émotions seront recherchées.

  • Moodboard : ou littérallement « tableau d’humeur ». C’est un espace libre où le vidéaste va mettre toutes ses sources d’inspiration pour ce projet : plans vidéos, ambiances, cadrages et compositions, lumières, voire transitions et musiques. On pioche tout cela dans des projets passés, ou dans des réalisations appréciées. Le moodboard constitue une bonne manière d’orienter l’esthétique de la vidéo dans une certaine direction et peut être partagé avec le chef du projet ou client si celui-ci a déjà des idées.

Exemple d’un moodboard réalisé pour un film de VTT. Les captures d’écran sont issues du film Ambrocela de Jérémie Reuiller. © Aymeric Guittet

  • Palette de couleurs : saviez-vous que chaque couleur a une signification ? Par exemple, le blanc suggère pureté, simplicité ou efficacité, le rouge implique force, énergie ou passion et le vert évoque confiance, repos, ou conscience écologique. En choisissant une certaine gamme de couleurs, ou le jeu d’opposition entre elles, vous pouvez inspirer un ressenti particulier à votre audience.

  • Script / scénario de la vidéo : il s’agit de savoir ce qui va se dérouler dans votre vidéo : que contient chaque scène ? Comment les séquences s’enchaînent-elles ? Que met-on en valeur ? Quels seront les dialogues éventuels ? Si le tournage comportera des interviews, c’est dans cette partie qu’il faudra lister les questions.

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  • Organisation de la production : il s’agit d’expliquer à toutes les parties prenantes la manière concrète dont le projet va être réalisé, en complétant la note de réalisation évoquée plus haut. Ici, on va parler temps de tournage, choix des personnes à filmer ou interviewer, choix du style de montage, étapes de validation, voire matériel… Il n’y a pas vraiment de forme fixe pour cette partie, qui peut d’ailleurs être intégrée à un autre endroit.

  • Repérage : si le projet est significatif et qu’il y a débat sur les lieux possibles, mieux vaut se rendre directement sur place. Là, on imagine comment chaque scène s’intègre dans le décor disponible et comment nous pouvons composer notre image. Le repérage permet aussi de se rendre compte des désagréments inhérents à un lieu, par exemple un chantier en cours ou un endroit trop fréquenté. Une solution bon marché, mais risquée, est de travailler avec des photos du lieu ou au moyen de Google Street View.

  • Storyboard : à réserver pour les projets les plus importants. Il s’agit du script de la vidéo mis en dessins, afin d’avoir une idée visuelle du rendu final. Cela ressemble à une bande-dessinée et peut rendre de grands services. Aujourd’hui, il n’est pas forcément nécessaire de s’acquitter des services d’un illustrateur pour dessiner un storyboard : certains logiciels ou applications smartphones permettent déjà de bien représenter les scènes. Sans même parler de l’irruption de l’intelligence artificielle (MidJourney, ChatGPT…), qui crée des dessins ou des photos à partir de requêtes textuelles.

  • Rétroplanning : il est indispensable, quelle que soit la taille du projet. Partant de la date de rendu final de votre vidéo, le rétroplanning / calendrier va énoncer toutes les étapes entre cette date et aujourd’hui. Sur les grosses réalisations, on aura soin de bien découper chaque moment de la production ; sur les plus petits projets, on peut s’entendre simplement par mail sur les grandes étapes de rendu de la vidéo.

Le découpage technique et la liste des plans à tourner

Une fois tout cela validé, nous sommes quasiment prêts à démarrer le tournage. Je prépare un dernier document que je garde pour moi, car il est inutile pour le client : le découpage technique des plans, scène après scène. Pour chaque prise de vue, il convient en effet d’indiquer : 

  • L’angle de la caméra : plongée, contre-plongée, de travers (plus rare)

  • La valeur du plan (plan macro, plan américain, plan de situation…)

  • Le mouvement (travelling latéral ou vertical, panoramique, plan fixe…)

  • Et éventuellement la focale utilisée, le type de lumière (naturelle, artificielle…), le nombre d’images par seconde (besoin de ralenti ou pas)…

Ce découpage technique est bien sûr issu de la note de réalisation décrite plus haut. Personnellement, même si j’ai une idée précise de la vidéo à tourner, je ne pars jamais sans : il est fréquent, dans le feu de l’action, d’oublier de filmer un plan crucial. 

Avec l’expérience, j’ai appris toutefois à filmer presque chaque scène selon la Five Shot Technique : un gros plan ou plan macro, un plan serré du visage, un plan moyen, un plan au-dessus de l’épaule et un plan de situation. Inutile donc de noter ces plans dans ma liste : je n’y inscris que les plans plus complexes et spécifiques au tournage donné, avec généralement une capture vidéo issue ou non du moodboard. Je peux aussi faire encore plus simple et me contenter de décrire le plan visé en quelques mots, et ajouter l’image qui m’inspire.

Un exemple de liste rapide de plans avec captures d’écran issues du moodboard, dans le cadre d’un projet pour Machine Arrière. Ce type de liste présente l’avantage de donner les infos essentielles rapidement, dans le feu du tournage © Aymeric Guittet

Les check-list de la veille du tournage

Une fois que ces éléments sont préparés, le tournage est grandement simplifié : vous, le vidéaste, savez sur quoi focaliser votre attention, et votre client, de son côté, est rassuré et vous fait confiance. Il y aura bien sûr des imprévus et des ajustements, mais vous avez suffisamment travaillé en amont pour vous adapter et ne pas perdre de vue l’objectif. 

La veille du tournage, il faut vous assurer que votre matériel est opérationnel. S’appuyer sur une check-list est indispensable. Je procède par boitier et par accessoires. Par exemple : 

  • Sur ma caméra, pré-régler la balance des blancs, le nombre d’images par seconde, l’entrée audio…

  • Sur mon drone, vérifier l’état des hélices, les zones de vol à débloquer…

  • Charger toutes les batteries à fond et s’assurer que toutes les cartes mémoires sont vides.

  • Emporter selon les cas une lumière articielle (avec sa rallonge et son pied), un micro-cravate, un trépied

La veille d’un tournage, cela ressemble à peu près à ça… en un peu moins ordonné ! © Jakob Owens / Unsplash

L’idée est bien sûr d’assurer un tournage apaisé et d’éviter les plantages (son qui ne s’enregistre pas, mauvaise balance des blancs, carte mémoire non opérationnelle…). Grâce à cette méthode, je n’ai jamais eu de grosse surprise, et c’est tant mieux : je concentre mon énergie du tournage sur ma créativité et ma disponibilité pour le client. 

Si cet article vous a plu et que vous souhaitez lancer un projet vidéo, n’hésitez pas à me joindre sur ma page Contact ou via aymeric.guittet@gmail.com

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