Combien coûte une vidéo ?

Le prix ! Question complexe, parfois source de malentendus entre le client et le vidéaste. Dans ce post de blog, on ne cherchera pas à définir une fois pour toutes le juste prix pour la réalisation d’une vidéo. L’objectif sera surtout de donner quelques clés, afin de mieux comprendre le devis d’un vidéaste.

Une caméra RED, ça coûte cher… © Jakob Owens / Unsplash

Sommaire :

Depuis que je suis devenu vidéaste professionnel, j’ai observé plusieurs cas : des clients pensant qu’il suffit de dégainer son smartphone pour réaliser une vidéo, jusqu’à ceux qui, au contraire, croient encore qu’il faut un budget hollywoodien et une caméra hors de prix pour tourner un film. Moi-même, j’ai évolué sur la question. J’ai progressivement fait évoluer mon taux journalier pour être rémunéré à ma valeur, tout en restant intéressant pour le client. 

Alors, quel budget prévoir pour une vidéo ? Je vais répondre avec quelques réflexions issues de mon expérience de vidéaste, dont le type de projets et le matériel ont évolué aux cours des dernières années. J’ai également eu plusieurs “casquettes”, en opérant d’abord en statut micro-entreprise (ne facturant pas la TVA et ne déduisant pas mes charges) puis en tant qu’Entrepreneur individuel (avec TVA et déduction des charges).

Bien sûr, mon point de vue n’a pas valeur absolue, mais il permet d’avoir des critères en tête pour une entreprise ou une collectivité souhaitant réaliser une vidéo.

1) L’expérience et les compétences : premiers critères du coût d’une vidéo

C’est peut être un poncif, mais plus un réalisateur aura travaillé sur des productions complexes et des clients prestigieux, plus il sera cher. L’expérience, et les compétences qui l’accompagnent, vont ainsi grandement différencier les devis proposés par des vidéastes. Parce qu’avoir de l’expérience, cela signifie vous accompagner professionnellement du début à la fin de votre projet, écrire un script vidéo adapté à votre objectif, et choisir les techniques vidéo pour atteindre votre but. C’est ne rien laisser au hasard.

Ainsi, quand un vidéaste débutant peut proposer un coût journalier de 300 € hors-taxes (HT), un réalisateur expérimenté et spécialisé dans un domaine se situera plutôt autour de 700 à 1000 € HT. À cela s’ajoutent des coûts liés au matériel, aux déplacements, etc.

Je vais détailler ci-dessous les différentes compétences mises en oeuvre dans la réalisation d’une vidéo, pour bien comprendre les raisons de ces tarifs. Travailler dans l’audiovisuel, c’est ainsi maîtriser une chaîne de savoir-faire, qui tient aussi bien de la réflexion sur le projet (son écriture) que de capacités techniques :

Pré-production :

  • Analyse des enjeux

  • Définition des objectifs

  • Proposition de scénario / script vidéo

  • Format, style, durée

  • Choix du matériel

  • Etc.

Production / Tournage :

  • Gestion caméra(s), réglages (focus, température de couleur, ouverture…) et accessoires : stabilisateur (gimbal), trépied, slider, drone…

  • Utilisation de la lumière naturelle ou artificielle pour produire l’image désirée

  • Réglage son micros interviews et ambiance

  • Cadrage et composition

Montage & Post-production :

  • Maîtrise technique et créative du logiciel de montage (Premiere Pro, Da Vinci Resolve ou Final Cut…)

  • Mixage audio et sound design

  • Correction colorimétrique

  • Color grading

Un exemple de workflow sur un logiciel de montage. Ici, Premiere Pro © Wahid Khene

Être vidéaste indépendant, c’est aussi manier un ensemble de “soft skills” :

  • Echanges avec le client, respect du planning

  • Gestion d’entreprise ;

  • Gestion d’image et réseaux sociaux ;

  • Présence sur le web ;

La palette de savoir-faire du réalisateur est très vaste. Elle évolue en permanence, avec l’évolution du matériel et des logiciels, des techniques, des modes… Il faut donc se tenir au goût du jour et continuer à se former. Par ailleurs, de nombreux professionnels ont une spécialité qui les rend uniques.

Plus le vidéaste acquiert de compétences, plus il part sur des projets complexes © Kal Visuals

Personnellement, j’ai exercé plusieurs années comme journaliste et chef d’édition, et avant cela, j’ai fait des études en développement durable et politiques publiques. J’ai ainsi l’expérience de mener des interviews, dérusher rapidement, être synthétique, et je peux comprendre les enjeux économiques et environnementaux de mes clients. Cela me différencie, et joue aussi sur mon TJM. 

LIRE AUSSI : 7 conseils pour bien choisir un vidéaste

2) Le type de projet : une variable essentielle

Deuxième aspect à avoir en tête : le projet en lui-même. Il faut garder en tête que le plus long dans la réalisation d’un film, c’est la pré-production (notamment l’écriture) et la post-production (en particulier le montage). Par exemple, si je réponds à l’appel d’offres d’une collectivité territoriale, je dois faire du sur-mesure, en constituant un dossier montrant comment je vais vais répondre à leur besoin précis : un territoire rural ne fait pas face aux même enjeux qu’une grosse agglomération de bord de mer, comment la vidéo peut-elle répondre à sa problématique ?

Tout est dit. © Etienne Girardet

C’est la même chose pour une entreprise, qui a besoin d’un storytelling spécifique pour communiquer sur son produit et se démarquer. Il faut sortir une feuille blanche et trouver des idées originales pour que la narration soit unique. Tout cela représente du temps et des choix faits dès la pré-production, mais aussi au montage (on se rend compte que certaines idées peuvent être améliorées, on fait évoluer le script, etc.).

Certaines prestations, en revanche, ont un cahier des charges plus classique. En événementiel corporate ou sportif, il est plus courant que le client me demande une narration et un montage assez simples. Le devis est dans ce cas-là plus standardisé, puisque de nombreuses étapes peuvent être économisées. De même, si vous avez surtout besoin d’interviews, le temps de post-production sera réduit, et le montage sera plus rapide. C’est une question de savoir où, vous client, allez mettre le curseur entre originalité de la vidéo et budget.

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3) Le prix d’une vidéo dépend du matériel utilisé

Vis-à-vis d’un autre freelance, un graphiste ou un développeur web par exemple, un vidéaste a investi des sommes importantes dans du matériel et des services de production. Il a besoin d’amortir et de rentabiliser ces investissements, en plus de percevoir sa propre rémunération. C’est un peu comme si vous construisiez une maison : vous payez le maçon d’une part, et le ciment d’autre part. 

Les postes principaux de dépense en matériel sont les suivants : 

  • La caméra : entre 1000 et 4000 €

  • Les objectifs : entre 1000 et 3000 €

  • La prise de son : entre 100 et 400 €

  • Un kit lumière de base : entre 200 et 600 €

  • Un stabilisateur + un trépied : environ 1000 €

  • Un drone : entre 700 et 1500 €

  • Un ordinateur puissant : entre 1500 et 2500€

  • Divers accessoires : filtres ND, cartes SD, batteries, disques durs, moniteur… pour au moins 1000 €.

Disposer d’un drone est une vraie plus-value pour de nombreuses prestations © Aymeric Guittet / Miage Films

On peut aussi lister des services

  • Abonnement à un ou des logiciels de montage et d’édition de l’image : entre 300 et 400 € / an. 

  • Abonnement à une plateforme de musiques libres de droit : 200 à 300 € / an

  • Et éventuellement d’autres abonnements à des services d’envoi de fichiers, des banques d’image, d’effets sonores ou d’effets spéciaux… pour 100 à 200 € / an.

Bref, on peut tabler sur une mise de départ à 5000 € pour les débutants avec un petit budget, et il arrive fréquement qu’un professionnel aguerri possède plus de 20 000 € de matériel vidéo. Car plus on travaille dans l’audiovisuel, plus on gagne en compétences, plus on travaille avec des clients importants, et plus la technique et le matériel doivent être sophistiqués. 

Avec un tel set-up, on peut en effet envoyer de la fumée dessus pour faire classe. © Ben Collins

Ceci explique que le matériel n’est pas acheté une fois pour toutes : il évolue au fur et à mesure de l’activité du vidéaste. Un réalisateur qui a plusieurs années d’expérience et utilise une Red Komodo (à partir de 7000 €) facturera plus cher sa prestation qu’un néophyte qui se sert d’un Lumix GX9 (800 €). Par ailleurs, même à matériel constant, il ne faut pas oublier qu’un équipement s’use, s’abime, et doit parfois être réparé et remplacé. L’année dernière, par exemple, j’ai dû envoyer ma caméra Blackmagic en Angleterre pour changer l’écran tactile devenu inopérant. Une opération à plus de 250 €.

En ce qui me concerne, j’inclus donc le coût du matériel dans chacun de mes devis, en fonction de la prestation qui est demandée par mon client : quels objectifs devrai-je utiliser, dois-je faire voler mon drone, y aura t-il des interviews et donc une lumière et une prise de son spécifiques ? Selon la durée du tournage, ce coût compte pour 5 à 15 % du devis total. D’autres professionnels ont une approche différente, et incluent le matériel dans d’autres lignes du devis, ou tout simplement dans leur taux journalier.

Petite digression : oui, une vidéo coûte moins cher qu’avant

Nous sommes en 2024, et depuis bientôt 10 ans, les coûts de production d’une vidéo de communication d’entreprise (lancement de produit ou de service, événementiel, film institutionnel, reportage…) ont progressivement chuté. Rappellons-nous : dans les années 90 ou 2000, pour obtenir une image et un son de qualité, il fallait investir dans du matériel onéreux, de grosses caméras, des logiciels de montage complexes et fonctionnant sur des ordinateurs hors de prix… En somme, il fallait un matériel cher, du personnel et du temps. 

Puis, tout a changé au début des années 2010. Les appareils photo réflex numériques ont commencé à intégrer la vidéo dans leurs fonctions. On a pu tourner en Full HD avec ce type d’appareil, utiliser des objectifs de qualité, et brancher un micro. Grâce aux grands capteurs des réflex plein format et leurs excellents objectifs, on obtenait même un effet cinéma avec un magnifique bokeh (e.g. flou d’arrière-plan), chose difficile à obtenir avec les grosses caméras habituelles et leurs petits capteurs. 

Ceci est un Canon 5D Mk II, et a révolutionné la vidéo. © Dim Hou

En 10 ans, les réflex, puis les hybrides, ont séduit de plus en plus de vidéastes : coût moindre, petit format, simplicité d’utilisation, fonctions toujours plus poussées… au point qu’aujourd’hui, ce sont les fabricants qui cherchent à faire tenir leurs grosses caméras dans un format appareil photo (Sony FX3, Blackmagic Pocket Cinema Camera…). Parallèlement, les ordinateurs sont devenus plus puissants et il est devenu possible de se former en ligne à la production audiovisuelle, au lieu de passer par une école. 

Ceci est une Sony FX3, soit une caméra de ciné… au format réflex © Danny Gan

La conséquence, vous l’aurez compris, est la démocratisation de la vidéo : en 2024, avec un budget de départ de quelques milliers d’euros et une formation de quelques mois, vous pouvez commencer à proposer de la vidéo à certaines entreprises. Les débits internet permettant une diffusion et une consommation large des contenus, la demande des marques pour ce type de contenus a suivi. Incitées par les réseaux sociaux, les entreprises sont de plus nombreuses à vouloir du contenu vidéo pour lancer un nouveau produit, communiquer sur leur marque ou couvrir un événement. 

4) Le statut d’indépendant : micro-entreprise et entreprise individuelle

Troisième aspect déterminant pour comprendre le devis et le prix d’un vidéaste : son statut d’indépendant, de travailleur freelance. Avec son chiffre d’affaires, un indépendant doit payer lui-même plusieurs choses : ses charges sociales (cotisations retraite et sécurité sociale), son bureau (chez lui ou en coworking), son site internet, son matériel, l’utilisation de sa voiture, sa mutuelle, son comptable le cas échéant… autant d’éléments qui se répercutent donc sur son prix.

Par ailleurs, un freelance passe aussi des journées de travail non rémunéré, mais qu’il doit inclure d’une manière ou d’une autre dans son prix : je pense par exemple à la comptabilité, aux formalités administratives, au temps de formation, à la présence sur des événéments… Et il a aussi le droit à des vacances, qu’il paye grâce à de précédentes missions. 

Oui, un vidéaste est aussi vrai businessman… © Hunters Race

En résumé, un freelance doit assumer lui-même une grande partie des coûts qui auraient été pris en charge par un employeur, s’il avait été salarié. Pour le client, en revanche, recourir à un freelance plutôt qu’à un salarié est intéressant à plus d’un titre : spécialisation poussée, réponse à un besoin ponctuel, flexibilité, pas de charges à payer… 

À noter, enfin, qu’il existe une différence sur le total final entre un micro-entrepreneur (ou auto-entrepreneur) et un entrepreneur individuel (EI) sur un devis (et une facture) : le prix est indiqué dans un cas hors taxes (HT), et dans le cas HT et TTC (toutes taxes comprises). Un entrepreneur individuel doit ainsi facturer la TVA pour le compte de l’Etat, procédure non nécessaire pour un micro-entrepreneur (sauf s’il opte pour ce régime). Il n’y aucune différence en pratique pour une entreprise, qui récupère la TVA à la fin de son exercice comptable : 1000 € HT = 1000 € payés effectivement. Néanmoins, un particulier ou une association paieront eux le prix TTC.

Conclusion : combien coûte une vidéo ?

Armé de tous ces éléments de compréhension, vous vous demandez sûrement : et concrètement, ça coûte combien un vidéaste ? Quel prix puis-je attendre pour la réalisation de ma vidéo ?

À mon sens, un freelance qui se rémunère en-dessous de 350 € / jour est soit débutant, soit peu au fait de ce que le statut implique, et ne fera pas long feu. 

Personnellement, je fixe mes tarifs ainsi (TVA non applicable, étant en micro-entreprise) : 

  • 60 € / heure

  • 450 € / journée

  • Frais de production (matériel et services audiovisuels) : de 100 à 500 € selon les besoins du tournage et sa durée

  • Frais spécifiques en option, en particulier le transport et l’hébergement. 

Pour donner un ordre d’idée, une vidéo d’événement (sportif, d’entreprise ou associatif) démarre aux alentours de 1300 € (tournage + montage) ; une vidéo de communication pour une marque ou entreprise demande minimum 1700 € de budget (le temps d’accompagnement du projet est plus conséquent). Ce ne sont bien entendu que des bases, le budget peut être plus important en fonction des besoins du client et des compétences associées. 

Votre serviteur en plein tournage © Aymeric Guittet / Miage Films

Alors, est-ce qu’un vidéaste coûte cher ? C’est un budget qui peut être important pour une TPE ou PME, mais gardez toujours à l’esprit une chose : l’impact que la vidéo aura sur votre audience. Elle pourra expliquer, convaincre, séduire, émouvoir. Bien scénarisée et réalisée avec talent, c’est un investissement qui permet de distinguer votre entreprise et son produit du lot. 

Si le contenu de cet article vous a intéressé, et que vous souhaitiez échanger sur un projet vidéo en Auvergne Rhône-Alpes, à Lyon ou à Grenoble, j’en serai ravi. Vous trouverez mes cordonnées sur ma page Contact.

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